Je l’avoue, musicalement, l'absence de la chanteuse
Betty Bonifassi auprès du brillant multi-instrumentiste DJ Champion m’a profondément chagriné, depuis cet inoubliable album Chill 'Em All, paru en 2004.
La même année, la chanteuse se faisait connaître à l’international aux côtés de Benoît Charest et de ses Triplettes de Belleville (performance sur scène à la cérémonie des Oscars). Puis, il y eut ce projet Beast à l’électro pop. Et finalement, ce premier album éponyme. Douze chansons dont deux originales, sous le label montréalais
L-A be.
Fruit d’une longue réflexion au travers d’une recherche entreprise il y a quelques années, ces chansons proviennent d’un répertoire de chants d’esclaves archivé par Alan Lomax.
« Ce sont des chants de travail. Des chants pour les esclaves dans les champs de coton et ceux qui alignaient les voies ferrées. Des chants créés pour les prisonniers et les esclaves pour qu’ils gardent la cadence du travail. Ce sont des mantras pour enlever la douleur du corps au travers de ses chants répétés pendant 12 à 14 heures », expliquait la chanteuse en entrevue.
« Ces chants sont le chaînon manquant entre les chants traditionnels africains et le blues... qui serait né au moment où l’on a mis des instruments de musique dans les mains de ces chanteurs-là. C’est magique, du pur soul… car nous sommes dans l’abandon », ajoutait Betty Bonifassi avant de présenter lesdites chansons live au festival de Jazz de Montréal l’été dernier.
Ce sont ces émotions ressenties et interprétées en musique (folk, rock, blues, électro) et sous la voix puissante de Betty Bonifassi que l’on retrouve sur cet album.
Une réussite, tout simplement. Voici le message personnel d’une brillante chanteuse... socialement engagée.
Ci-dessous, deux extraits de cet album : Whoa Buck, paru en juin ainsi que Grizzly Bear.
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Photo : Centre PHI |